Marre de cet hiver/crise qui n'en finit pas ? Heureusement pour nous, Français neurasthéniques, nos illustres et néanmoins rebelles Romantiques - Lamartine, Hugo, Gautier, Nerval, Baudelaire... - avaient inventé l'esthétisation de la souffrance ! Mais pouvaient-ils imaginer que ses corollaires toxiques, plainte et auto-dénigrement, imprègneraient la société française du XXIème siècle au point d'en devenir le sport national !?! Modeste contribution au "Mal du Siècle 2, le Retour", voici une scène de rue que j'ai shootée devant l'église de la Madeleine illuminée pour les fêtes, dans un Paris froid et humide où la pluie et l'électricité semblent se livrer une dernière bataille. Associée au sonnet de Baudelaire, cette image, à la fois onirique et mélancolique, illustre à merveille le spleen français : solitude, essoufflement et créativité en berne, sous le poids d'un passé grandiose, inaccessible, écrasant... Mais, c'est surtout un malicieux clin d'oeil à tous nos potes parisiens : à Marseille, on a le chômage et la kalachnikov, c'est vrai... Mais, on a aussi les "collègues" et le soleil !
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
- Ô douleur ! Ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
L'Ennemi, Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal, 1857)
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
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